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Nous vous en parlions dans une précédente niouze : la Fondation du Patrimoine Maritime et Fluvial, présidée par Gérard d'Aboville, a mis au point le label "Bateau d'intérêt Patrimonial" pour les bateaux fluviaux et lacustres, comme elle l'a fait déjà pour leurs homologues maritimes.

Huit bateaux de navigation intérieure viennent d'être ainsi labellisés. Parmi eux, trois authentiques bateaux de transport, un bateau de sport et loisirs de la première moitié du XXe siècle, deux reconstitutions d'anciens bateaux de transport et deux reconstitutions de bateaux de sport et loisirs.

Les trois bateaux de transport d'époque sont :

• Veneranda, automoteur Freycinet à « cul de poule » de 1929
• Korriganez, tjalk de 21m à coque acier et dérives latérales construit en Hollande en 1907.
• MS Blue Berry, automoteur berrichon de 1927

Les reconstitutions à l'identique d'anciens bateaux de transport sont :

• Dame Jeanne, gabare de Port d'Envaux, construite en 2002
• Savoie, barque du Léman, construite en 1997, copie à l’identique d’une barque en bois du lac Léman de 1896, gréée de deux voiles latines de 150m² chacune

Le bateau de sport et loisirs d'époque est :

• Quod Amo, monotype de Chatou construit en 1928

Les reconstitutions de bateaux de sport et loisirs sont :

• Nymphée, monotype de Chatou construit en 1999, réplique de Por-Epic, construit au cours de la première moitié du XXe siècle, classé Monument Historique
• Roastbeef, le célèbre monotype conçu par le peintre impressionniste Gustave Caillebotte à la fin du XIXe siècle, reconstruit à l'identique en 1996

Félicitations aux propriétaires (particuliers et associations) de tous ces bateaux, que l'on espère prochainement rejoints par de nombreux autres qui méritent tout autant cette labellisation.

"Savoie", un autre des huit bateaux labellisés

Plus particulièrement touchée par la labellisation de MS Blue Berry, Dane évoque l'évènement avec lyrisme. Laissons-lui la parole :

21 novembre 2011

Un lundi un peu triste de novembre. L’automne laisse dérouler ses nuages qui se reflètent sur l’eau sombre du canal. Lés géraniums ont perdu feuilles et fleurs et déjà la nature semble s’engourdir pour l’hiver tout proche.
Une torpeur, presque une envie de s’enfouir le laisse allongé dans la cabine, c’est un matin gris et mouillé de pluie qui étouffe les désirs et les élans.
Pourtant, des travaux attendent encore dans le séjour tout proche. Une dernière touche pour achever plafond et finitions, et bientôt tout sera comme il l’a rêvé depuis si longtemps, pensant ne jamais atteindre ce but, fixé peu après les terribles naufrages qui l’ont rongé comme le sel attaque la nature.
Il lui a fallu des brassées de courage, affronter l’hiver glacial à Marseilles-lès-Aubigny, les humeurs de chacun, les rebuffades, les coups du sort. Il a fallu résister, pour lui, pour le bateau, pour tous ceux qui l’aimaient et qui avaient confiance, mais qui avaient très peur aussi.
Presque tous les défis ont été relevés, le bateau a regagné son port d’attache sans problème majeur en cette fin d’été 2011. Orléans a été la réussite de septembre où la joie s’est éparpillée comme des papillons multicolores posés sur le bateau. Chaque jour a été jour de fête !

Après les temps mauvais, elle aurait voulu qu’il revive autrement, avec entrain, en regardant au loin, sur un avenir plus serein, bariolé de couleurs arc-en-ciel.
Parfois, elle l’importunait avec ses envies de tout changer, de modifier, de parfaire. Mais ce souci de perfectionnisme n’était il pas le sien aussi ?? Et le booster était nécessaire pour le réveiller !!
Faire des projets, des plans, rechercher le meilleur pour rendre plus beau et plus sécurisé ce MS BlueBerry déjà bien fringuant et revitalisé par tant de travaux, parfois imperceptibles, mais qui apportaient plus de confort, en faisaient un bateau agréable à vivre et à naviguer.
Naviguer toujours, repartir sans cesse, toujours plus loin, découvrir ou revoir, se perdre au long de berges apprivoisées ou sauvages, dans des ports accueillants et champêtres, voir le ciel changeant se mirer sur les eaux et suivre le regard du capitaine quand les reflets du soir mettent de l’or dans ses yeux. C’est ainsi, qu’elle souhaitait demain.
Il manquait une toute petite étincelle, un rayon de soleil magique, un coup de baguette impromptu pour qu’il renaisse vraiment.

Or, en ce 21 novembre 2011, un coup d’œil sur le site de la Fondation du Patrimoine Maritime et Fluvial lui sauta aux yeux, il dû s’y reprendre à deux fois, ciller et relire, et laisser les mots arriver jusqu’à lui…

« Le jeudi 16 juin dernier s’est tenu la 5ème Commission de labellisation des Bateaux d’Intérêt Patrimonial, dans les locaux de la Fondation du Patrimoine Maritime et Fluvial.

Première labellisation de navires fluviaux. Cette 5ème commission fut surtout marquée par l’ouverture du label aux bateaux fluviaux, avec la labellisation de huit navires fluviaux et lacustres.
MS Blue Berry, automoteur berrichon de 1927, est l’un des six derniers navires de ce type encore existants et l’un des rares à naviguer, propulsé par un système remarquable de motogodille à hauteur réglable. (...)»

Le MS BlueBerry devenait un bateau patrimonial et je n’avais rien exagéré dans le texte sur Orléans en parlant de « prestigieux bateau »… peut-être mon subconscient avait-il pressenti la bonne nouvelle qui se confirmait aujourd’hui.
D’autres bateaux recevaient aussi ce label (voir plus haut).

Merci à la Commission pour ces choix difficiles, mais doux au cœur des capitaines.

Ce soir, beaucoup de mariniers ont sans doute l’âme vagabonde, des rêves immenses et des désirs plus vifs de voyages lointains, avec la fierté qu’ils peuvent ressentir d’avoir mené à bien un projet titanesque, mais réussi. Bravo et merci à tous ces capitaines pour cet esprit volontaire qui les a conduits au bout de leurs passions.

Dane, 21 novembre 2011

Liens :

La Fondation du Patrimoine Maritime et Fluvial

Les photos de Dane

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