Voir le sujet précédent :: Voir le sujet suivant |
Auteur |
Message |
András Animateur
Inscrit le: 20 Nov 2006 Messages: 1488 Lieu: Timişoara, Roumanie
|
écrit le Wednesday 02 Jun 10, 17:06 |
|
|
Dans les langues flexionnelles, le COD est une fonction syntaxique remplie par le cas accusatif, marqué par une désinence plus ou moins spécifique. En latin, par exemple, elle est très spécifique au féminin singulier, comme dans Video puellam 'Je vois une/la fille'.
Dans les langues slaves aussi l'accusatif est le cas du complément d'objet direct. Sa désinence est spécifique au féminin singulier:
russe: Вижу девушку (prononcé "vijou dyévouchkou") (nominatif девушкa)
serbe: Vidim devojku (nominatif devojka)
La forme de l'accusatif singulier et pluriel des masculins inanimés et des neutres est identique à celle du nominatif: Вижу мяч ("myatch") 'Je vois un/le ballon'. L'accusatif singulier et pluriel des masculins animés terminés en consonne au nominatif singulier est identique à leur génitif: Вижу мальчика ("maltchika") 'Je vois un/le garçon' (nominatif мальчик).
En hongrois, le COD est presque toujours marqué par le suffixe -t: Látok egy lányt 'Je vois une fille', mais le suffixe personnel du verbe est différent selon que le COD est déterminé ou non. Dans le premier exemple, il est indéterminé. 'Je vois la fille' se dit Látom a lányt.
En français, la forme du nom COD est toujours identique à celle du même nom en fonction de sujet, il est n'est donc pas marqué: Je vois une/la fille.
En roumain on a parfois la même situation qu'en français, mais dans certains cas le COD est marqué par la préposition pe. C'est valable pour les noms communs de personnes définis (bien que l'article défini soit absent) (O văd pe fată 'Je vois la fille' vs. Văd o fată 'Je vois une fille', avec article indéfini) et aux noms propres de personnes (O văd pe Maria 'Je vois Marie'). De plus, dans les cas où le COD est avec pe, il est obligatoire de l'anticiper par le pronom personnel atone qui lui correspond (dans cet exemple, l'article indéfini et le pron. pers. COD atone sont homonymes). Il faut non pas l'anticiper mais le reprendre par le même pronom si le COD avec pe est mis en relief par sa position en tête de phrase: Pe Maria o văd 'C'est Marie que je vois'.
Je sais qu'en espagnol aussi le COD est parfois marqué par la préposition a mais comme je ne connais pas bien cette langue, je ne me lance pas dans des détails, je laisse à quelqu'un d'autre le soin de le faire. |
|
|
|
|
José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10945 Lieu: Lyon
|
écrit le Wednesday 02 Jun 10, 17:13 |
|
|
En espagnol, la préposition a concerne et précède les personnes :
- veo a una / la chica : je vois une / la fille |
|
|
|
|
ElieDeLeuze
Inscrit le: 14 Jun 2006 Messages: 1622 Lieu: Allemagne
|
écrit le Wednesday 02 Jun 10, 19:08 |
|
|
romanche - comme en espagnol, le COD animé (surtout humain) prend la préposition a. Mais sous forme pronominale, elle disparait à l'antéposition. A lire le journal, je me demande si cette préposition ne disparait pas parfois... à surveiller. |
|
|
|
|
Luc de Provence
Inscrit le: 11 Jul 2007 Messages: 682 Lieu: Marseille
|
écrit le Wednesday 02 Jun 10, 19:15 |
|
|
ElieDeLeuze a écrit: | romanche - comme en espagnol, le COD animé (surtout humain) prend la préposition a. Mais sous forme pronominale, elle disparait à l'antéposition. A lire le journal, je me demande si cette préposition ne disparait pas parfois... à surveiller. |
peux-tu écrire une phrase pour illustrer la règle ? |
|
|
|
|
gilou
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 1528 Lieu: Paris et Rambouillet
|
écrit le Thursday 03 Jun 10, 2:14 |
|
|
Pas de marque casuelle en nahuatl:
niquitta in cihuāpil /n(i)-k-itta in siwā-pil/ "je vois la (jeune) fille".
La forme verbale indique l'existence d'un COD: n(i)- est le préfixe sujet de la 1e personne du singulier, k- le préfixe objet de la 3e personne du singulier, et itta le verbe voir, donc niquitta signifie "je le/la vois", et donc in cihuāpil, "la jeune fille", ne peut être que ce COD.
Noter que cihuāpil, construit a partir de cihuātl "femme", et adjonction d'un suffixe diminutif, -pil, n'a pas le suffixe du singulier habituel (-tl(i)), comme tous les mots construits avec ce suffixe.
Noter que le swahili a une construction similaire: ninamwona msichana /ni-na-mw-ona m-sichana/ "je vois la (jeune) fille" ou on retrouve un préfixe sujet de la 1e personne du singulier, ni-, un préfixe temporel na-, un préfixe objet de la 3e personne du singulier, mw-, et le verbe voir (ku)-ona. Mais si le préfixe objet n'est mis que dans certains contextes en swahili, il est systématique en nahuatl. |
|
|
|
|
Patricio
Inscrit le: 12 Feb 2009 Messages: 23 Lieu: Paris
|
écrit le Friday 04 Jun 10, 13:51 |
|
|
En espagnol, peut-on encore parler de COD ? Il me semble plutôt qu'il s'agit alors de COI.
Je n'ai pas d'exemple en tête, mais je sais qu'en grec et/ou latin, pour certains verbes, selon la nature du complément d'objet, il est à un cas ou à un autre. C'est le même principe. |
|
|
|
|
giòrss
Inscrit le: 02 Aug 2007 Messages: 2778 Lieu: Barge - Piemont
|
écrit le Friday 04 Jun 10, 19:33 |
|
|
Les dialectes de l'Italie du Sud utilisent "vëdé/vërè" (=voir) "a"...
Aggë vistë a mammë-të = j'ai vue ta maman
Les dialectes de l'Italie du Nord n'utilisent pas cette "a".
piém. de Turin: I l'hai vist toa mama (pr. i l'ài vist toua màma) |
|
|
|
|
András Animateur
Inscrit le: 20 Nov 2006 Messages: 1488 Lieu: Timişoara, Roumanie
|
écrit le Saturday 05 Jun 10, 10:46 |
|
|
Patricio a écrit: | En espagnol, peut-on encore parler de COD ? Il me semble plutôt qu'il s'agit alors de COI.
Je n'ai pas d'exemple en tête, mais je sais qu'en grec et/ou latin, pour certains verbes, selon la nature du complément d'objet, il est à un cas ou à un autre. C'est le même principe. |
En fait, c'est le verbe subordonnant le complément qui est décisif. Si un verbe est transitif direct, il peut avoir un COD avec ou sans préposition en roumain, en espagnol, dans des dialectes italiens, peut-être dans d'autres langues aussi. Voir les exemples donnés. Des exemples dans d'autres langues seraient les bienvenus. |
|
|
|
|
Quevenois
Inscrit le: 06 Mar 2007 Messages: 219 Lieu: Bretagne
|
écrit le Sunday 06 Jun 10, 15:00 |
|
|
Ok.
Dernière édition par Quevenois le Tuesday 26 Oct 10, 5:18; édité 1 fois |
|
|
|
|
shlomoavital
Inscrit le: 19 Apr 2008 Messages: 129
|
écrit le Monday 07 Jun 10, 9:34 |
|
|
En hébreu, il n'y a pas de déclinaison. Il existe en revanche une particule, את [èt], obligatoire pour marquer le COD, mais uniquement lorsque celui-ci est déterminé.
En hébreu est déterminé :
- un nom précédé de l'article défini (ה [ha])
- un nom fléchi (flexion personnelle : mon chien, ton chien, etc. : kalb-i, kalb-kha, etc.)
- un nom propre (Shlomo = Salomon, Tsarfat = la France, Yarden = la Jordanie, etc.)
Exemples :
אני אוכל את התפוח [ani okhel èt ha-tapúah] = je mange la pomme
mais :
אני אוכל תפוח [ani okhel tapúah] = je mange une pomme
De même :
אני רואה את חתולי [ani ro'e et hatuli] = je vois mon chat (chat-mon)
אני רואה את דוד [ani ro'e et David] = je vois David
Cette particule, obligatoire, est source de bien des fautes chez les apprenants (et une source d'inspiration majeure pour les profs qui conçoivent les thèmes grammaticaux :pleure: )
A noter que la particule את [èt], décidément indispensable, peut être elle-même fléchie de deux manières :
- Une flexion basée sur le thème [o], permet de créer les pronoms COD (je ne sais pas si c'est le terme grammatical exact) me, te, se, etc. : oti, otkha/otakh, oto/otah, otánu, etkhem/etkhen, otam/otan :
אני אוהב אותך [ani ohev otkha/otakh] = je t'aime (m-à-m : je aime toi)
- Une flexion basée sur le thème [i] qui correspond à la flexion moderne du mot "avec" (avec moi, avec toi, avec lui, etc.) : iti, itkha/itakh, ito/itah, itánu, itkhem/itkhen, itam/itan :
! בוא איתי [bo iti] = viens avec moi ! |
|
|
|
|
Patricio
Inscrit le: 12 Feb 2009 Messages: 23 Lieu: Paris
|
écrit le Monday 07 Jun 10, 10:15 |
|
|
András a écrit: | Patricio a écrit: | En espagnol, peut-on encore parler de COD ? Il me semble plutôt qu'il s'agit alors de COI.
Je n'ai pas d'exemple en tête, mais je sais qu'en grec et/ou latin, pour certains verbes, selon la nature du complément d'objet, il est à un cas ou à un autre. C'est le même principe. |
En fait, c'est le verbe subordonnant le complément qui est décisif. Si un verbe est transitif direct, il peut avoir un COD avec ou sans préposition en roumain, en espagnol, dans des dialectes italiens, peut-être dans d'autres langues aussi. Voir les exemples donnés. Des exemples dans d'autres langues seraient les bienvenus. |
Un COD introduit par une proposition n'est plus un COD, c'est un COI. C'est justement sa définition. Mais bon, chacun peut appeler ça comme il veut, ça change pas grand chose. |
|
|
|
|
prstprsi
Inscrit le: 22 Oct 2005 Messages: 396 Lieu: Bratislava
|
écrit le Monday 07 Jun 10, 10:50 |
|
|
András a écrit: | Dans les langues slaves aussi l'accusatif est le cas du complément d'objet direct. |
Je n'ai rien à rajouter de spécifique pour l'accusatif.
Le slovaque (et sans trop m'avancer, je pense pouvoir émettre l'hypothèse qu'il en va sûrement de même dans les autres langues slaves) utilise (même si cela se retrouve de moins en moins) également le génitif partitif pour exprimer le COD.
Ex: Kúpim chleba - en opposition avec Kúpim chlieb (J'achèterai du pain). Ou Ihličnatých nevídať (On ne voit pas de conifères) - Bolo tu hodne ženičiek s vozíkmi, čo mali všakového ovocia [...] (Il y avait ici beaucoup de femmes avec des charrettes qui avaient beaucoup de sortes de fruits) (Kukučín, Dojmy z Francúzska / Impressions de France, 1923)
ou, exemples tirés de la traduction de l'Apocalypse:
A počul som oltára hovoriaceho [...] - "Et j'entendis l'autel dire [...]."
[...] dám jemu manny skrytej [...] - "[...] à [lui], je donnerai à manger de l'arbre de vie [...]."
Pour ce qui est d'expliquer ces emplois, l'usage est, pour les emplois courants, de différencier la partie du tout.
Pour ce qui est des traductions de langues comme l'hébreu ou le grec ancien, il y a beaucoup de débats entre des gens, plus éduqués que moi, qui hésitent pour quantifier l'influence de ces langues sur l'utilisation du génitif. |
|
|
|
|
András Animateur
Inscrit le: 20 Nov 2006 Messages: 1488 Lieu: Timişoara, Roumanie
|
écrit le Monday 07 Jun 10, 14:02 |
|
|
Patricio a écrit: | Un COD introduit par une préposition n'est plus un COD, c'est un COI. C'est justement sa définition. Mais bon, chacun peut appeler ça comme il veut, ça change pas grand chose. |
C'est sa définition dans la grammaire traditionnelle du français, mais si on veut adopter une vision plus large, qui englobe d'autres langues, il faut tenir compte du caractère du verbe régent. En tout cas, pour les grammaires du roumain, pe Maria dans O văd pe Maria 'Je vois Maire', est un COD. Dans les grammaires de l'espagnol c'est pareil. Voir par exemple ici, l'exemple vio a Laura 'il/elle vit Laure', où a Laura est un COD. C'est évident que si en français dans Je vois la balle et dans Je vois Marie, la balle et Marie sont des COD, alors dans les traductions roumaine et espagnole de ces phrases, on a également des COD. Je ne sais pas ce qu'en disent les linguistes de métier. |
|
|
|
|
yves
Inscrit le: 07 Aug 2007 Messages: 397 Lieu: Nevers
|
écrit le Monday 07 Jun 10, 23:16 |
|
|
En changeant de langue, ne peut-on passer d'un verbe transitif direct à un verbe transitif indirect ? |
|
|
|
|
gilou
Inscrit le: 02 Jan 2007 Messages: 1528 Lieu: Paris et Rambouillet
|
écrit le Tuesday 08 Jun 10, 9:13 |
|
|
En linguistique, on ne dégage une notion de sujet, notion syntaxique, que dans les langues ou il y a accord entre le verbe et un autre élément de la phrase (le sujet étant alors le terme qui régit l'accord verbal). Typiquement, en français, le sujet est l'élément de la phrase qui peut être remplacé par je/tu/il/elle/nous/vous/ils/elles. Il y a déjà divergence des points de vue lorsqu'il s'agit d'étendre la notion de sujet aux langues qui ne connaissent pas l'accord verbal (le point de vue le plus courant étant alors de se placer dans le cadre de l'actance, notion universelle, elle, et de définir le sujet en terme d'orientation du procès verbal vis à vis d'un des actants, mais bon, ça ne va pas sans poser de problèmes pour certaines langues [le birman me vient en tête]).
Bon, pour la notion d'objet direct, la encore, les difficultés de définition se présentent: l'idée, c'est qu'un COD, c'est un complément du verbe qui a des rapports privilégiés avec le verbe, un complément principal. Mais si dans une grande partie des langues, on trouve des critères syntaxiques pour définir la notion d'objet, par exemple la commutation avec me/te/le/la/nous/vous/les en français, on n'a pas trouvé à ma connaissance de critères universels: les critères employés pour définir la notion d'objet dans une langue n'opérant plus pour d'autres langues.
Enfin, la notion d'objet indirect, si elle a un sens en français (complément non circonstanciel introduit par une préposition), n'a rien d'universel, et de nombreuses langues ne distinguent pas syntaxiquement d'un autre complément ce qui correspond au COI français (par contre, on pourra rencontrer dans les langues des distinctions basées sur d'autres critères, comme distinguer l'actant bénéficiaire des autres compléments). |
|
|
|
|
|