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Inscrit le: 14 Dec 2004 Messages: 961 Lieu: Au pays des grenouilles, avec vue sur la mare...
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écrit le Thursday 27 Mar 08, 12:14 |
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"On l'a fait". Sous-entendu : l'amour. Je ne comprends pas le problème, ce n'est pas forcément un anglicisme... |
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Adhyaapak
Inscrit le: 27 Dec 2007 Messages: 88 Lieu: New Delhi
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écrit le Thursday 27 Mar 08, 12:44 |
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Lu dans le Libé du jour : "Un sourire, des genoux qui ploient, une légère révérence: juste la classe." Il n'y a pas si longtemps, on aurait dit "la classe, tout simplement", "la classe à l'état pur", etc.
"Juste" est en train d'acquérir la même valeur adverbiale que celle qu'il a en anglais, c'est-à-dire qu'il sert désormais à accentuer (au lieu de restreindre, ce qui est peu ou prou l'inverse !) un nom ou un adjectif, comme dans "I'm just fine." (= je vais parfaitement bien) |
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Inscrit le: 14 Dec 2004 Messages: 961 Lieu: Au pays des grenouilles, avec vue sur la mare...
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écrit le Thursday 27 Mar 08, 15:20 |
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Concernant le mot "juste", ce qui m'énerve le plus, c'est l'utilisation du style : "la tektonik, c'est juste pas bien", ou "jean, il chante juste mal", ou "marie, elle est juste trop canon". Il me semble que ça vienne surtout de Paris, et je trouve que le mot n'a pas sa place ici. Mais je vais sans doute m'habituer. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10941 Lieu: Lyon
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écrit le Friday 28 Mar 08, 10:38 |
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A propos de fais-le ! (do it !), je pensais à la traduction donnée par Adhyaapak : vas-y !. Bien sûr, comme cela a été signalé, fais-le est français et correct dans d'autres cas.
Juste (pour just) :
entendu récemment : c'est juste pas possible
cet usage incorrect de juste est courant sur les plateaux de télé
Définitivement (pour definitely) :
ex : c'est définitivement le meilleur album de ce groupe
définitivement : pour toujours, une fois pour toutes
definitely : sans aucun doute, absolument
N'y pense même pas! :
don't even think about it ! |
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Adhyaapak
Inscrit le: 27 Dec 2007 Messages: 88 Lieu: New Delhi
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écrit le Friday 28 Mar 08, 12:41 |
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Lu aujourd'hui dans op. cit., "Il est fondé sur des contreverités factuelles impardonnables".
Comment une contre-vérité pourrait-elle être "factuelle", c'est-à-dire "objective" ou "étayée par des faits" ? Là encore, l'anglicisme tient au moins autant à la syntaxe qu'au lexique : en anglais, le lien entre l'adjectif et son nom est très souple, beaucoup plus qu'en français. Quand l'anglais dit "factual untruth", il veut parler d'une contre-vérité portant sur des faits concrets, une manipulation de chiffres, par ex. De la même façon, quand il dit "human rights", il ne veut pas dire que les droits sont humains, mais qu'ils ont trait à l'humanité dans son ensemble.
L'éventail des liens logiques entre le nom et son adjectif est beaucoup plus vaste en anglais qu'en français. La transposition calquée de la syntaxe aboutit donc souvent à un contre-sens, voire un non-sens.
D'autres exemples ? |
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LeMi
Inscrit le: 20 Feb 2008 Messages: 28 Lieu: Sagno de mar
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écrit le Friday 28 Mar 08, 16:18 |
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Il est vrai que le "juste la classe" fais mal aux esgourdes! |
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Adhyaapak
Inscrit le: 27 Dec 2007 Messages: 88 Lieu: New Delhi
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écrit le Friday 23 May 08, 13:59 |
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Lu à l'instant sur le site du Monde :
"- La rencontre avec Philippe Garrel était très paternelle, douce, protectrice."
Une rencontre est en principe un événement unique. Dans ce contexte (au passé), elle ne peut être décrite qu'à un temps porteur de l'aspect parfait (c'est-à-dire en français, le passé composé ou le passé simple). La confusion avec l'imparfait (qui en français sert en gros soit à traduire l'habitude (donc un fait répété), soit à traduire la durée (donc pas un événement ponctuel)) est un exemple flagrant de l'influence de l'anglais sur la syntaxe du français.
J'avoue que je suis sidéré ; c'est la première fois que j'entends une francophone (même si c'est la fille de ah-que-Johnny) confondre les aspects verbaux en français (la faute est très courante chez les anglophones).
Dernière édition par Adhyaapak le Saturday 24 May 08, 9:20; édité 1 fois |
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Cuauhtémoc
Inscrit le: 22 Feb 2007 Messages: 102 Lieu: Metz (Divodorum)
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écrit le Friday 23 May 08, 15:58 |
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Mon pauvre Adhyaapak, tu vas te rendre malheureux à constater sans cesse le déclin d'une des langues les plus compliquées au monde !
Il faut savoir que bien souvent, les étrangers francophones s'expriment véritablement mieux que nous autres Français.
Mais par ailleurs, les Français ont la réputation d'être des brêles en langues étrangères, rien qu'en anglais déjà! |
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ElieDeLeuze
Inscrit le: 14 Jun 2006 Messages: 1622 Lieu: Allemagne
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écrit le Friday 23 May 08, 17:21 |
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Tu as raisons, je suis Français et je pratique cinq langues activement en milieu naturel. Je suis nul, à moins de dix, on est ridicule. Regarde les Anglophones, ils sont bien plus doués que moi.
L'idée même de correction de la langue n'existe pas dans le monde anglophone. Quand je demande à des profs anglophones d'anglais, ils sortent un "cela ne se dit pas" mais jamais "c'est faux". Ils sont les premiers à déplorer le nimporte quoi sémantique dans leur propre langue, mais jamais ils ne parleront d'anglais correct. Pour eux, soit la chose se dit, soit elle ne se dit pas. Même les horreurs. |
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Aiatshimunanu
Inscrit le: 24 Oct 2007 Messages: 307 Lieu: [Québec]
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écrit le Friday 23 May 08, 20:32 |
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Ça devient difficile de démêler sarcasme et argument. |
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Glossophile Animateur
Inscrit le: 21 May 2005 Messages: 2281
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écrit le Saturday 24 May 08, 0:03 |
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Citation: | Lu à l'instant sur le site du Monde :
- La rencontre avec Philippe Garrel était très paternelle, douce, protectrice." |
Contrairement à Adyaapak, je ne tique pas sur l'imparfait, qui a une valeur itérative : la rencontre vaut pour toutes les rencontres.
Pour moi, il y a pire : comment une rencontre peut-elle être paternelle, douce et protectrice ? C'est là du pur charabia -sauf à être une hypallage : c'est Philippe Garrel qui est paternel, doux et protecteur ! |
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Herschelle
Inscrit le: 15 May 2008 Messages: 6 Lieu: Essonne
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écrit le Saturday 24 May 08, 0:35 |
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une chose que j'ai constaté dans les publications scientifiques : le verbe "coder" est transitif en français et intransitif en anglais. Et malheureusement, dans beaucoup de publications françaises, il est écrit "coder pour".... certaines fois, j'ai même été corrigée par quelques relecteurs qui me rajoutaient le "pour" terrible !
Là, c'est un bel exemple de l'influence de l'anglais. |
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Adhyaapak
Inscrit le: 27 Dec 2007 Messages: 88 Lieu: New Delhi
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écrit le Saturday 24 May 08, 6:15 |
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Glossophile a écrit: | Contrairement à Adyaapak, je ne tique pas sur l'imparfait, qui a une valeur itérative : la rencontre vaut pour toutes les rencontres. |
Je vois : "à chaque fois qu'on se rencontrait, je le trouvais paternel", etc. Mais il faut lire l'entretien. Il s'agit bien du moment unique de la rencontre unique entre une actrice et un réalisateur :
"- Pour quelles raisons Philippe Garrel vous a-t-il choisie ?
- (...) il a trouvé que j'avais une présence vachement bien (...). Du coup, il a voulu qu'on prenne un café avec Louis [Garrel, son fils] pour voir ce que ça donnerait.
- Quelle impression vous a-t-il faite ?
- La rencontre m'a beaucoup marquée. Elle était très paternelle, douce, protectrice."
En relisant ces lignes, je veux bien admettre que par un effet de style, Laura s'mette à considérer cette rencontre comme un moment qui dure et qui est extrait d'un enchaînement d'événements ponctuels, comme s'il s'agissait de la décrire dans l'absolu. Cela dit, je continue de penser que cet imparfait est tout ce qu'il y a de plus hétérodoxe, surtout tel qu'il apparaît dans la reformulation du titre. |
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ElieDeLeuze
Inscrit le: 14 Jun 2006 Messages: 1622 Lieu: Allemagne
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écrit le Saturday 24 May 08, 8:58 |
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Pour l'aspect, d'accord pour l'anglicisme. Si la rencontre n'a eu lieu qu'une fois, ce qui est le cas, et qu'elle est terminée, ce qui est plus que probable, on ne peut pas mettre l'imparfait. J'ai même dû m'y reprendre à deux fois pour lire la phrase, tellement il me manquait quelque chose, tellement j'avais l'impression qu'elle était en suspend sans faire un énoncé complet. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3509 Lieu: Nissa
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écrit le Saturday 24 May 08, 9:22 |
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C'est très curieux car je suis d'un avis tout-à-fait contraire. Si je compare les deux énoncés :
La rencontre m'a beaucoup marquée. Elle était très paternelle, douce, protectrice.
La rencontre m'a beaucoup marquée. Elle a été très paternelle, douce, protectrice.
c'est le second qui me choque un peu par sa sécheresse de constat, son manque d'émotion !
Dans le premier, l'emploi d'un thème aspectuel de présent (ici l'imparfait) place locuteur et auditeur dans le cocon de tendresse qu'à été la rencontre, réactualisant celle-ci dans l'énoncé qu'on en fait : cette douceur était présente dans toute la durée de la rencontre. Il n'y a ni effet de style, ni manque de quoi que ce soit.
J'ajouterai que la ponctuation a aussi un rôle. L'énoncé coupé par un point sépare description et impression. Il me semble que le second, qui est tout entier dans la description, aurait été mieux décrit en utilisant un point-virgule (dans la production orale, le point-virgule correspond à une pause légère sans changement de timbre). |
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