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Ion Animateur
Inscrit le: 26 May 2017 Messages: 306 Lieu: Liège
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écrit le Monday 19 Jun 17, 15:56 |
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Il m'a fallu des décennies pour m'en rendre compte : Fédor, c'est Théodore !
Voyez plutôt :
Athènes, Ἀθῆναι > Афины Afiny
Corinthe, Κόρινθος > Коринф Korinf
Théodore Θεόδωρος > Фёдор Fëdor
Timothée, Τιμόθεος >Тимофей Timofej
Thaddée, (Thaddaeus) Θαδδαῖος > Фаддей Faddej
Athanase, Ἀθανάσιος > Афанасий Afanasij
Thomas, Θωμᾶς > Фома Foma
Voilà qui me donne toujours un sentiment d'étrangeté.
Pour Athanase, on trouve aussi la forme Атаназ Atanaz, directement reprise à une langue comme le français, d'abord dans les translittérations (ex.: Франсуа Атаназ Шаретт де ла Контри Fransua Atanaz Šarett de la Kontri "François-Athanase Charette de la Contrie" (1763-1796). Cette transposition a pu être reprise par des Russes ayant conscience de donner un prénom de forme étrangère à leur enfant (p. ex. Атаназ Гуциев Atanaz Guciev, "Athanase Goutsiev", un jeune Moscovite, cf. les Belges qui appellent leur fille "Kathleen".
Même chose pour Thomas, repris (de l'Allemand ?) sous la forme Томас Tomas (Томас Манн Tomas Mann "Thomas Mann" mais aussi Томас Мор Tomas Mor "Thomas More" malgré son origine anglaise (mais en anglais Thomas se prononce avec /t/). Je n'ai pas trouvé de Russe prénommé Томас.
Dernière édition par Ion le Tuesday 27 Jun 17, 10:48; édité 3 fois |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Monday 19 Jun 17, 16:33 |
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Théodore Dostoïevski !!! Fascinant ! |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3866 Lieu: Paris
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écrit le Monday 19 Jun 17, 20:54 |
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On peut ainsi mieux distinguer Theodora, oratorio de Haendel, de Fedora, opéra de Giordano. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11181 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Tuesday 20 Jun 17, 19:10 |
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Je suppose que, dans les emprunts du russe au grec, cette équivalence affecte d'autres mots que les noms propres, non ? |
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Ion Animateur
Inscrit le: 26 May 2017 Messages: 306 Lieu: Liège
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écrit le Tuesday 20 Jun 17, 19:53 |
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Là, je n'en sais rien du tout. Je suis incapable de trouver les éventuels mots russes empruntés au grec. On trouve des indications ici. Le document mentionne éther (αἰθήρ)/ эфир èfir, thèta(θῆτα)/фита fita et, plus surprenant pour moi(1), orthographe (ὀρθογραφία)/орфография orfografija. Le document souligne aussi que de nombreux mots grecs sont arrivés en russe par l'intermédiaire de langues où thèta était déjà devenu [t].
Aussi "anathème" (ἀνάθεμα)/анафема anafema
(1) Je n'aurais pas imaginé un emprunt direct au grec pour ce mot. Je pensais que c'était une création moderne. Mais on trouve ὀρθογραφία chez Apollonius Dyscole et Sextus Empiricus. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11181 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Wednesday 21 Jun 17, 17:45 |
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Merci ! Il faudrait donc modifier le titre du sujet, si tout le monde est d'accord. |
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Outis Animateur
Inscrit le: 07 Feb 2007 Messages: 3510 Lieu: Nissa
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écrit le Wednesday 21 Jun 17, 18:34 |
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Oui. Un anathème, c'est pas quelque chose de très propre … |
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Ion Animateur
Inscrit le: 26 May 2017 Messages: 306 Lieu: Liège
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écrit le Wednesday 21 Jun 17, 19:49 |
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Moi je veux bien changer le titre. "... [f] dans les emprunts directs" ? |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11181 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Thursday 22 Jun 17, 10:29 |
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Voilà, c'est fait. |
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krmasson
Inscrit le: 22 Jun 2017 Messages: 1
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écrit le Thursday 22 Jun 17, 13:52 |
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Papou JC a écrit: | Je suppose que, dans les emprunts du russe au grec, cette équivalence affecte d'autres mots que les noms propres, non ? |
De mémoire (désolé, pas de clavier russe sous la main), on trouve aussi en russe "mifos" (mythe) et "mifologiya". Et la mère de Michel Strogoff se prénomme Marfa (Marthe). |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3866 Lieu: Paris
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écrit le Thursday 22 Jun 17, 14:30 |
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Tout en haut de cette page, tu as accès à toutes sortes de clavier, y compris en cyrillique.
Les deux mots russes sont en fait миф et мифология. |
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Ion Animateur
Inscrit le: 26 May 2017 Messages: 306 Lieu: Liège
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écrit le Thursday 22 Jun 17, 17:25 |
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Merci à tous ! Le clavier cyrillique de Lexilogos est très bien parce qu'il contient quatre lettres supprimées en 1918, dont le thèta grec repris sous la forme Ѳ et l'upsilon Ѵ.
Le clavier indique aussi que cette lettre Ѳ se prononçait... [f] ! Son nom russe était fitá, qui correspond à thèta, à l'accent près. J'espère bien y revenir.
N.B. Ѳ et Ѵ se plaçaient à la fin de l'alphabet : c'est le signe d'un emprunt tardif, postérieur à celui des autres lettres. Sinon, le Ѳ aurait dû se placer avant le І et le Ѵ après le Т. |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3866 Lieu: Paris
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Ion Animateur
Inscrit le: 26 May 2017 Messages: 306 Lieu: Liège
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écrit le Friday 23 Jun 17, 18:22 |
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A ce point de notre aventure, où en sommes-nous ?
Le russe a emprunté un grand nombre de mots grecs, soit directement, soit par l’intermédiaire d’une autre langue (allemand, français, latin, polonais...). A l’époque de l’emprunt, dans l’original grec, certains de ces mots comportaient un son inconnu du russe, le [θ], noté θ et appelé « thèta », une fricative apico-dentale sourde (cf. le th de l’anglais think). Comment le russe a-t-il adapté ce son à sa langue ?
La solution proprement russe a été de rendre ce [θ] par le son [f] ( fricative labio-dentale sourde) : c’est une modification minimale qui consiste simplement à remplacer le trait apical par un trait labial, mais qui rend les mots grecs méconnaissables pour, disons, un francophone actuel.
Pour noter ce [f], le russe a employé la lettre ф qu’il possédait déjà, mais pour les cas où il voulait montrer qu’il « savait bien » que c’était à l’origine un θ grec, il a réintroduit dans son alphabet une lettre Ѳ, semblable au thèta grec, mais qu’il prononçait néanmoins [f].
En latin, le thèta avait d’abord été entendu [tʰ] , la prononciation grecque originelle qui est devenue [θ] quelque temps avant le début de notre ère. Ne connaissant pas le son [tʰ], le latin l’a simplifié en [t] et c’est par l’intermédiaire du latin, avec la prononciation [t], qu’une longue série de mots grecs sont arrivés dans les langues romanes et germaniques.
Or, après l’influence byzantine, le russe a subi l’influence occidentale, d’où lui sont venus une nouvelle fournée de mots grecs. Mais alors, le russe a pu adopter sans problème la prononciation [t] issue du latin.
Cette prononciation a même eu tendance à gagner du terrain, si bien qu’à l’heure actuelle, le nom russe de la lettre grecque thèta est, semble-t-il, те́та teta pour le grec ancien et фи́та (точнее , [θи́та] ) fita (točnee [θita]) « fita, ou plutôt [θita] » pour le grec moderne, ainsi que l’explique l’article « Θ » de Wikipedia en russe, consacré au thèta grec. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11181 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 26 Jun 17, 18:12 |
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À la réflexion, je me demande s'il s'agit d'emprunts directs au grec ou tout bonnement de la branche slave de la racine eurindienne *dʰes-. Les exemples ne manquent pas de mots grecs en th correspondant à des mots latins en f. Pourquoi ce qui a valu pour le latin n'aurait-il pas valu pour le slave ?
À moins que - autre possibilité - les mots russes n'aient fait le détour par le latin... Auquel cas, le titre du sujet serait encore à modifier.
Etymonline, article theo- : word-forming element meaning "god, gods, God," from Greek theos "god," from PIE root *dʰes-, forming words for religious concepts, such as Latin feriae "holidays," festus "festive," fanum "temple. |
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