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Gaillimh
Inscrit le: 12 Nov 2005 Messages: 366 Lieu: Aberdeen (Ecosse)
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écrit le Saturday 12 Nov 05, 19:13 |
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En français, la négation est double : "Je n'ai pas vu Audrey aujourd'hui"; mais cela n'a pas toujours été le cas. Autrefois, en français on utilisait uniquement "ne" pour marquer la négation.
Il y a en français une série de négations qui étaient, à l'origine, des mots affirmatifs: pas, point, rien, plus, aucun, personne, jamais. Ils servaient à renforcer la seule négation véritable que nous ayons, à savoir ne. Je ne sais rien -- Je n'en connais aucun. -- Je n'en veux plus. -- Il n'est personne qui l'ignore. -- Je ne l'oublierai jamais.
Or, le deuxième mot de la négation (pas, point, goutte...) marque tellement fort la négation que le premier a tendance à disparître de la langue parlée ("j'ai pas envoie d'y aller")
Le phénomène n'est pas isolé. En anglais on peut remarquer la même évolution. Il n'y avait en vieil anglais (600-1100) qu'un seul mot marquant la négation: "ne" qui était placé devant le verbe.
Puis un deuxième mot a été ajouté pour renforcé la négation: "nawicht" (entre 1200-1700) qui est devenu "noght" puis "nawt," jusqu'a sa forme actuelle : "not". Il était placé après le verbe. -rq: je pense qu'il a donné nicht en Allemand-
On peut également remarquer que cette deuxième forme (dont le rôle est, comme en français, d'accentuer la négation), a finalement davantage porté la négation que la première, laquelle est devenue inutile.
Avez vous remarqué ce phénoène en français, dans d'autres langues? Souhaitez-vous en discuter?
Dernière édition par Gaillimh le Sunday 20 Nov 05, 11:59; édité 1 fois |
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bcordelier
Inscrit le: 07 Oct 2005 Messages: 190 Lieu: France
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écrit le Saturday 12 Nov 05, 19:20 |
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Une bonne partie de l'explication doit venir du fait qu'il existe plusieurs nuances dans la négation, qui sont justement rendues par le second terme :
ne ... pas
ne ... plus
ne ... guère
ce qui le rend davantage discriminant.
Je pense que dans une majorité de langues ces notions sont également rendues par des adverbes complémentaires. |
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Breizhadig
Inscrit le: 12 Nov 2004 Messages: 860 Lieu: Penn ar Bed / Finistère
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écrit le Saturday 12 Nov 05, 19:28 |
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En Breton il y a le même phénomène qui s'est opéré, à l'origine, il était placé devant le verbe la particule négative "nend", ce qui sufissait à rendre la phrase négative, puis, on a rajouté après le verbe quelques particules intensives, la plus connue étant "ket"...
Cette particule a pris autant d'importance que "nend" qui cette dernière s'est réduite en "ne" puis "n' " devant une voyelle, chez certains (dont moi lol) elle ne s'entend même plus à l'oral...
A noter que l'accent tonique ne peut être porté sur la particule "ne" mais en revenche se porte sur "ket"...
Pour exemple, voici l'évolution du phénomène :
- Nend debram
- Nend debram quet
- Ne zebran ket (forme écrite actuelle)
- Zebran ket (forme parlée dans certains coins) |
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Gaillimh
Inscrit le: 12 Nov 2005 Messages: 366 Lieu: Aberdeen (Ecosse)
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écrit le Saturday 12 Nov 05, 19:33 |
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En fait, il semble qu'il y avait bien des nuances en français. Ainsi, "pas" était utilisé avec un verbe de mouvement, "goutte" avec un verbe comme "boire", "mie" avec "manger", "point" avec un verbe "visuel", etc.
Pour ce qui est de l'anglais, nawicht signifie quelque chose comme "pas du tout" |
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Maisse Arsouye
Inscrit le: 10 Nov 2004 Messages: 2037 Lieu: Djiblou, Waloneye
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écrit le Saturday 12 Nov 05, 19:41 |
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En wallon on a deux négations légèrement différentes selon qu'on a un COD indéterminé ou déterminé. Par exemple :
Je ne vois pas la maison : dji n'wè nén l'maujone
Je ne vois pas de maison : dji n'wè pont d'maujone
La forme pont est à rapprocher de la forme française point tombée en désuétude.
En afrikaans, on a une double négation qui est un des traits marquants de cette langue par rapport au néérlandais.
Je n'aime pas Jean-Claude Vandamme ( juste pour l'exemple bien sur) ->
Ik houd niet van Jean-Claude Vandamme
Ek hou nie van Jean-Claude Vandamme nie |
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Helene
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 2846 Lieu: Athènes, Grèce
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écrit le Saturday 12 Nov 05, 19:41 |
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En grec on a deux négations, une pour l’indicatif δεν et l’autre pour le subjonctif μη
δεν θέλω να πάω (je ne veux pas y aller)
Να μη πας (N’y va pas )
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Poyon
Inscrit le: 24 Jul 2005 Messages: 765 Lieu: Liège (Waremme)
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écrit le Saturday 12 Nov 05, 19:46 |
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Louisiane :
"C'est pas rien quoi c'est tu m'dis" : Ce que tu me dit n'est rien, n'est pas grave. |
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Gaillimh
Inscrit le: 12 Nov 2005 Messages: 366 Lieu: Aberdeen (Ecosse)
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écrit le Saturday 12 Nov 05, 22:23 |
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En moyen anglais, il fallait deux mots pour construire la négation: "ne" et "nawicht"; exactement comme en français avec "ne" et "pas" actuellement.
On avait un gros pour une phrase comme "he does not like spinach" (S,Aux, Nég, V, O) ceci: "he ne likes nawicht spinach"
Dans cette phrase, nawicht a un rôle d'amplificateur de la négation (emphatique?) qui signifirait à peu près :"pas du tout"
Désormais, en anglais moderne, on n'utilise plus que "not" pour marquer la négation; c'est un "descendant" de nawicht |
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Jean-Charles
Inscrit le: 15 Mar 2005 Messages: 3130 Lieu: Helvétie
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écrit le Monday 14 Nov 05, 6:26 |
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Il y a un cas dans lequel on est bien embêté:
Il y en a plus a deux sens parfaitement opposés. On peut prononcer de deux manières:
Il y en a plu -> Il n'y n'en reste rien.
Il y en a pluss -> La quantité a augmenté. |
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winnoloursin
Inscrit le: 17 Oct 2005 Messages: 710 Lieu: marseille
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écrit le Monday 14 Nov 05, 9:18 |
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Ce qui m'étonne c'est que si ne marque la négation, pourquoi dit t-on (par exemple) "il n'y a que deux personnes" au lieu que "il y a que deux personnes" car la restriction n'est pas vraiment de la négation même s'il y a une idée de soustration. Par exemple, le sens ou plutôt l'intention est quelque peu différent si on dit
"il y a un tiers des Français qui est amateur de choucroute"
"il n'y a qu'un tiers des Français qui est amateur de choucroute"
Comme en Français plus (+) et plus (rien) s'écrivent pareil on a intéret dans le second cas à mettre le ne.
On dit aussi je t'aimerai à jamais qui signifie en fait toujours
A mon avis dans quelques années le ne risque de disparaitre |
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Helene
Inscrit le: 11 Nov 2004 Messages: 2846 Lieu: Athènes, Grèce
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écrit le Monday 14 Nov 05, 11:30 |
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Citation: | Il y en a plu -> Il n'y n'en reste rien. |
Pour ce cas ne faut t-il pas dire plutôt
il n’y en a plus
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winnoloursin
Inscrit le: 17 Oct 2005 Messages: 710 Lieu: marseille
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écrit le Monday 14 Nov 05, 12:00 |
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C'est ce que je faisais remarquer juste avant ton intervention. En français correct on met ne ou n',mais à part dans ce cas où le doute subsisterait car dans certaines régions on ne prononce pas le s (contrairement à Marseille où on le prononce aussi dans "moins"!). ,avec guère ,goutte,point,jamais je trouve la double négation pas vraiment utile |
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Jean-Charles
Inscrit le: 15 Mar 2005 Messages: 3130 Lieu: Helvétie
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écrit le Monday 14 Nov 05, 13:39 |
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Évidement, c'est la manière correcte, mais dans les faits, il n'en va pas ainsi.
C'est plutôt un problème pour le système orthographique du français, lequel devrait distinguer les deux orthographes. L'usage de la liaison empêche cependant d'éjecter le s |
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Nikura
Inscrit le: 08 Nov 2005 Messages: 2035 Lieu: Barcino / Brigantio
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écrit le Monday 14 Nov 05, 15:16 |
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Occitan: je ne sais pas = sabi pas, (provençal) sabe pas, (alpin/gavot) sabo pas, (briançonnais) a sabu pà, a sau pà
-> seul le "pas" est utilisé, cependant, en gascon on trouve encore la forme: ne sabi pas, avec ne... pas, comme en français.
Catalan: je ne sais pas = no sé, no ho sé, no ho sé pas
-> le catalan garde dans certaines constructions l'usage d'une particule négative de renfort. Celle-ci peut être: pas, cap, gens
Ex: no hi ha cap altra manera per fer-lo (il n'y a pas d'autre façon de le faire)
Espagnol: que dire de l'expression "ya no" pour "ne... plus"
Ya no hay nada que hacer = il n'y a plus rien à faire
Italien: "mica" peut être trouvé pour renforcer la négation.
Romanche: la négation est également double, on utilise la particule "buc" après le verbe. Les dialectes de l'Italie du Nord en grande majorité possèdent cette double négation. |
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Marden
Inscrit le: 16 Nov 2004 Messages: 468 Lieu: Seine-et-Marne, Ardennes
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écrit le Monday 14 Nov 05, 15:49 |
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Il vous est peut-être arrivé de lire une inscription du genre :
"Défense de ne rien déposer"
qui vous fait littéralement obligation de déposer quelque chose, dans la mesure où, justement, "rien" a le sens de "quelque chose".
La formulation "correcte" devrait donc être :
"Défense de rien déposer" !!! |
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