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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11256 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Monday 01 Dec 14, 18:39 |
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R_Camus a écrit: | Pour le nostratique, il faudrait trouver la requête qui va bien dans la base du regretté Starostine |
Voir ICI, nº 2626 |
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Azwaw
Inscrit le: 30 Aug 2010 Messages: 975 Lieu: Le Havre
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écrit le Monday 01 Dec 14, 22:34 |
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dubsar a écrit: | On admet généralement que l’hébreu zug, paire, couple et l’arabe zawwaja, marier sont des emprunt au grec.
Mais cette racine est très diffusée, non seulement en sémitique mais en afro-asiatique (au moinq sémitique et berbère) :
Et :
Berbère : zug, copuler |
J'ajouterais, pour le berbère, tayuga qui désigne la paire et notamment la paire de bœufs qui sert aux labours. Le ta initial étant un article, la racine est en fait yug et c'est généralement considéré comme un emprunt ancien au latin, peut être à tort. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10938 Lieu: Lyon
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écrit le Tuesday 07 Jul 15, 11:32 |
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Dans la revue de presse sur France Inter ce matin, le journaliste a cité un extrait des Orientales de Victor Hugo.
Il y était question du joug ottoman, le g étant bien marqué [ jougottoman ].
Il me semble que même devant une voyelle le g est rarement prononcé, c'est ma perception.
TLFi a écrit: |
Prononc. et Orth. :
[ʒu]. Vieilli, au sens métaph., [ʒug] à partir du xviiies., sous l'influence de l'orth. (Buben 1935 § 200) ds Fér. 1768, Fér. Crit. t. 2 1787, Land. 1834, Gattel 1841 et Littré; g doit se prononcer « légèrement » mais ne doit pas disparaître même devant consonne (Fér. Crit. 1787); [ʒu] et [ʒug] ds DG, Passy 1914, Barbeau-Rodhe 1930 (pour ces 2 derniers dict. pas d'indication de sens) et Warn. 1968; [ʒuk-] ds des formules toutes faites du type : joug insupportable, joug odieux. Att. ds Ac. dep. 1694. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10938 Lieu: Lyon
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écrit le Wednesday 27 Apr 16, 9:31 |
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- A jugerum of it is abundantly sufficient for three horses all the year.
= Un jugère de luzerne est largement suffisant pour nourrir trois chevaux à l'année.
[ Extrait de la page Alfalfa de Wikipedia ]
jugère (masc.)
- HIST. - unité de mesure de superficie romaine, non connue exactement de nos jours et évaluée approximativement à vingt-cinq ares
Wikipedia a écrit: | Le jugère (jugerum en latin, Joch en allemand) est une ancienne unité agraire, une mesure de la superficie des champs.
Le terme latin signifie le « joug ». En conséquence la mesure correspond à l'aire pouvant être labourée par un attelage en une seule journée. Elle correspond au « jour » ou à la « journée », vieille mesure d'arpentage et de labeur paysan tout en étant synonyme du « journal de bœufs ».
Le jugère romain apparaît à l'époque de la république romaine. Il correspond à deux arpents carrés de terre, soit deux fois 144 perches carrées, 28 800 pieds carrés, un demi acre (heredium) ou environ 25,20 ares : c'est-à-dire approximativement un quart d'hectare.
Le jugère romain est créé lors de la crise agraire, dite « des Gracques », dans la République romaine du IIe siècle av. J.-C.. En 133 avant Jésus-Christ, Tibérius Sempronius Gracchus voulait en effet limiter la surface des grandes propriétés à 500 jugères maximum (125 hectares) pour assurer une plus grande répartition de l'ager publicus à tous les citoyens, et pouvoir ainsi recruter plus largement dans l'armée romaine puisqu'il fallait posséder des terres pour être enrôlé. |
Lire la page Unités de mesure romaines de Wikipedia. |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3912 Lieu: Paris
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écrit le Wednesday 27 Apr 16, 12:54 |
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Voilà un mot bien rare, donné assez logiquement comme masculin par le TLF, puisqu'il est tiré du neutre latin, mais on note quand même quelques emplois au féminin, y compris dans le dictionnaire de Boiste, sans doute à cause de la forme du mot qui fait plus penser à un féminin. |
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José Animateur
Inscrit le: 16 Oct 2006 Messages: 10938 Lieu: Lyon
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11256 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Thursday 01 May 25, 19:59 |
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Citation: | Voilà un mot bien rare, donné assez logiquement comme masculin par le TLF, puisqu'il est tiré du neutre latin, mais on note quand même quelques emplois au féminin, y compris dans le dictionnaire de Boiste, sans doute à cause de la forme du mot qui fait plus penser à un féminin. |
En fait, comme dans beaucoup de cas similaires, le français est issu du neutre pluriel, jugera, pris plus tard pour un féminin. Autrement dit, la forme aberrante, c'est la forme masculine.
A part ça, je réveille ce fil pour ajouter le mot espagnol juanete "oignon du gros orteil", qui serait issu du français jointe (= jointure) et non du prénom Juan comme on a naturellement fini par le croire.
(Source : LEXILOGOS, espagnol, • DeChile.net : Diccionario etimológico : dictionnaire étymologique espagnol & chilien, taper "juanete", version alternativa)
Dernière édition par Papou JC le Friday 02 May 25, 8:58; édité 1 fois |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3912 Lieu: Paris
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écrit le Thursday 01 May 25, 20:27 |
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Papou JC a écrit: | En fait, comme dans beaucoup de cas similaires, le français est issu du neutre pluriel, jugera, pris plus tard pour un féminin. Autrement dit, la forme aberrante, c'est la forme masculine.
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Comment sait-on que ça vient du neutre pluriel ?
Dirais-tu la même chose pour le temple, l'exemple ? |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11256 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 02 May 25, 6:28 |
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Parce que, quand on utilise des unités de mesure, dans la très grande majorité des cas, on parle de plusieurs de ces unités. On dit "un kilo", certes, mais le mot kilos est une infinité de fois plus fréquent au pluriel qu'au singulier, forcément. Si des Martiens nous empruntent un jour le mot, il y a donc de fortes chances pour qu'ils croient que la forme canonique du mot est kilos et qu'ils disent "un kilos".
Et c'est vrai pour beaucoup de mots latins du genre neutre, pas seulement pour les unités de mesure. D'où, par exemple, du latin organum, un orgue mais les grandes orgues.
Pour le temple, je pense que la singularité du monument dans un espace donné (village, ville) fait qu'on a dû beaucoup plus souvent employer templum au singulier qu'au pluriel. Comme église ou mosquée ou mairie ou poste. Et avec l'article défini. Ce sont des lieux qui sont pratiquement des noms propres, souvent écrits avec une majuscule.
J'espère t'avoir convaincu.
Dernière édition par Papou JC le Friday 02 May 25, 18:49; édité 1 fois |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3912 Lieu: Paris
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écrit le Friday 02 May 25, 16:03 |
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Non ! loin de là. Je suis même déçu. Comme tu affirmais que le français venait du neutre pluriel « jugera », je m’attendais à des preuves incontestables. Or tu te contentes d’une intuition assez générale, mais qu’aucun élément fondé sur des textes ne vient étayer.
Que quelquefois, lors du lent passage du latin au français, des pluriels neutres de la 2e déclinaison aient été pris pour des féminins, c’est une chose effectivement connue, par exemple la « feuille », qui vient du pluriel « folia » de « folium ». Que la chose puisse être encore plus naturelle pour des mots qui sont souvent au pluriel, comme les unités de mesure, cela peut se concevoir***.
Mais parlons-nous ici vraiment d’un mot français ? Parlons-nous d’un mot très utilisé dans la vie quotidienne ? Non, nous parlons d’un mot de l’antiquité romaine, utilisé seulement dans ce contexte, et encore, bien rarement. Il est absent du Littré, du dictionnaire de l’Académie et du Grand Larousse Universel. Grâce à Mérimée, il a trouvé une place dans le TLF qui en donne une définition historique en rapport exclusif avec Rome : « HIST. Unité de mesure de superficie romaine, non connue exactement de nos jours et évaluée approximativement à vingt-cinq ares. Dès l'année 387, le tribun du peuple C. Licinius Stolo avait fixé par une loi le nombre de jugères que chaque citoyen pourrait tenir du domaine public (Mérimée, Essai guerre soc.,1841, p. 20).
Prononc. : [ʒyʒ ε:ʀ]. Étymol. et Hist. 1542 (trad. de Dion Cassius, Hist. Rom., L. XLV, ch. 59, (109 ro) ds Hug.). Empr. du lat.jugerum « arpent ». »
Et l’on voit que c’est au détour d’une traduction d’une histoire romaine qu’il semble avoir une première attestation dans notre langue, en tant que terme emprunté. C’est donc un terme sans réelle vie en français même s’il a été ponctuellement employé pour parler d’antiquité romaine, et cela probablement même en français médiéval ; le terme est cité, sans exemple, dans le DMF en ligne, comme terme d’histoire romaine, avec d’ailleurs un synonyme « sugre ». Aucune de ces deux versions ne se trouve dans le Godefroy.
Quand les traducteurs ont traduit le latin « jugerum », je suppose que d’une part ils connaissaient bien le genre du mot en latin (c’est leur métier) et ils ont francisé le « jugerum » en « jugère » selon l’habit français qui faisait déjà « temple, exemple, négoce, office, membre » sur les neutres « templum, exemplum, negotieum, officium, membrum. » Les traducteurs n’avaient aucune raison de croire que « jugère » était féminin.
L’argument tiré de la fréquence du pluriel pour les noms d’unité est-il pertinent pour « jugère » ? Je ne crois pas. Si je prends le texte de Columelle sur l’Économie rurale
https://books.google.fr/books?id=GaqEDrNEZioC&newbks=1&newbks_redir=0&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false
Je vois que le singulier « jugère » est employé 31 fois contre 8 « jugères ». Et dans la version latine, je compte 25 « jugerum » contre 13 « jugera » (je n’ai pas compté les cas obliques). Exemples d’emploi :
« …chaque jugère de vignes fournissait six cents urnes de vin. …il est reconnu que chaque jugère de vignes rend ordinairement huit culléus de vin…. les jeunes vignes donnèrent cent amphores par jugère. Et les prés, les pâturages et les bois passent pour être d'un grand produit, quand ils rapportent cent sesterces par jugère à leur maître. »
J'ajoute que de nombreux auteurs n'ont même pas cherché à franciser le mot et on écrit tout simplement "le jugerum".
*** C'est peut-être ce qui s'est passé pour le « stade », du latin neutre "stadium", qui a longtemps été fait féminin, sous la forme de "estade", avant de redevenir masculin. Mais il se peut aussi que le "e" initial ait joué un rôle. |
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Papou JC
Inscrit le: 01 Nov 2008 Messages: 11256 Lieu: Meaux (F)
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écrit le Friday 02 May 25, 19:08 |
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OK, tu as bien travaillé.
Alors si ma première explication du genre féminin souvent employé pour jugère n'est pas la bonne, il y en a une autre, beaucoup plus simple : le fait que le suffixe -ère est, je crois, majoritairement féminin en français (Exceptions : trouvère, belvédère, ...), ne serait-ce que dans les noms de métiers. Les traducteurs latinistes l'ont mis au masculin, mais le commun des mortels francophones l'a compris comme un féminin, en le rapprochant de tous les autres noms en -ère qu'il avait dans son bagage lexical. Et, comme souvent en pareil cas, vox populi, vox dei. Il se trouve que le mot n'a pas réussi à perdurer dans le vocabulaire français, mais il aurait très bien pu le faire, comme l'ont fait tant d'autres mots, parmi lesquels des noms de mesures. Tous les emprunts sont des realia pendant quelque temps, avant d'appartenir de plein droit à la langue emprunteuse. |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 907 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Friday 02 May 25, 19:58 |
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Ce mot étant un emprunt savant, il a été affecté d'un suffixe déjà présent dans magistère < magisterium, par exemple.
Si le mot résultait d'une évolution populaire, à partir de jugera (seul le pluriel est attesté) il serait devenu **jugre (fém.).
Dernière édition par Cligès le Saturday 03 May 25, 16:18; édité 1 fois |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3912 Lieu: Paris
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écrit le Friday 02 May 25, 20:45 |
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Papou JC a écrit: | le fait que le suffixe -ère est, je crois, majoritairement féminin en français (Exceptions : trouvère, belvédère, ...), ne serait-ce que dans les noms de métiers. Les traducteurs latinistes l'ont mis au masculin, mais le commun des mortels francophones l'a compris comme un féminin, en le rapprochant de tous les autres noms en -ère qu'il avait dans son bagage lexical. |
Je ne crois pas que le commun des mortels se soit beaucoup préoccupé du genre de "jugère", car c'était un mot généralement ignoré de la langue et de la plupart des dictionnaires usuels. J'ai cependant déjà signalé qu'il était donné comme féminin dans le dictionnaire de Boiste, que la même définition et le même genre est donné dans celui de Napoléon Landais, qu'on le trouve aussi féminin dans Rivarol. Cela pourrait être la faute d'un compilateur trop rapide, copié ensuite par des imitateurs. Mais cela reflète aussi un certain usage, réel, dans les livres savants sur la question des mesures anciennes. Comme ces livres sont écrits par des gens instruits et généralement latinistes, il ne fait pas de doute qu'ils connaissent le genre de "jugerum", mais celui de "jugère" leur paraît pouvoir être féminin pour la raison que tu dis, à savoir le sentiment que les noms français en -ère sont souvent féminins. Mais pas tous. Aux exceptions déjà citées, j'ajoute le stère et le planisphère ; beaucoup de gens se trompent sur le genre de l'un et de l'autre.
En tout cas, Pierre Larousse dans son grand dictionnaire du XIXe siècle donne, lui, le genre masculin et le Larousse du XXe siècle aussi.
Malgré tout, on trouve encore pas mal de bouquins qui écrivent jugère au féminin. Il n'y a pas grand mal, d'autant que la mesure n'est pas utilisée chez nous, où on peut la remplacer par le journal ou le demi-arpent. |
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embatérienne Animateur
Inscrit le: 11 Mar 2011 Messages: 3912 Lieu: Paris
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écrit le Friday 02 May 25, 20:47 |
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Cligès a écrit: | à partir de jugera (seul le pluriel est attesté) |
"jugerum" me paraît largement attesté dans le Columelle que j'ai cité. |
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Cligès
Inscrit le: 18 Jul 2019 Messages: 907 Lieu: Pays de Loire
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écrit le Friday 02 May 25, 22:14 |
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Soit, mais cela n'a aucune importance, le mot étant emprunté au latin, non dérivé d'icelui. |
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