5.2/ La période des Hohenstaufen de 1125 à 1268

                                                          Empereurs :                                      Ducs de Haute-Lorraine : Maison d'Alsace

1137   Konrad III

1152   Frédéric I Barberousse

1190   Henri VI

1210   Frédéric II

1250   Konrad IV

1268   Konradin dynastie

1115   Simon I

1139   Mathieu I

1176   Simon II

1206   Ferry II

1213   Thiebaut I

1220   Mathieu II

1251   Ferry III

Jusqu'à l'avènement de l'empereur Frédéric dit Barberousse en 1152, l'empire et plus particulièrement le royaume de Germanie vivent au rythme des dissensions entre Guelfes et Gibelins, les premiers en beige clair et les seconds en rose sur la carte ci-contre. Les Gibelains dont font partie les ducs de Lorraine sont partisans de l'empereur dans ses querelles de pouvoir avec le pape. Les Guelfes (die Welfen) auxquels se sont jointes de nombreuses villes lombardes soutiennent la papauté. Tout tourne autour des histoires de succession au trône de Saxe ou d'ailleurs parés l'extinction de la dynastie ottonienne. Chaque duché récalcitrant attend de l'empereur une compensation en échange de l'élection d'un Staufer sur le trône vacant. Ainsi, Barberousse s'en sort à moindre frais en élevant l'Autriche au rang de duché (en jaune sur la carte), en donnant le duché de Bavière à un Guelfe, de même que la Toscane et Spolète à Welf VI. La Lorraine est directement concernée par la politique impériale, en premier lieu parce que ses souverains sont apparentés à la famille de l'empereur. Le duc Mathieu a épousé la sœur de Frédéric Barberousse, lui-même épousa une nièce de Mathieu I. Le duc de Lorraine a beaucoup suivi l'empereur dans ses pérégrinations dans l'ouest de l'empire, mais pas quand ce dernier est en Italie. Barberousse a poursuivi la politique de ses prédécesseurs en intervenant fréquemment pour les abbayes et les seigneuries ecclésiastiques en Lorraine (cf. chapitre 5.1).

Après Mathieu I, la Lorraine continue de vivre à "l'heure staufienne" en ce sens que ses souverains s'entre-déchirent pour le soutien de l'un ou de l'autre à chaque schisme qui se présente. On passe des meilleurs cadeaux aux pires vengeances suivant le cas. Néanmoins, jusqu'au bout, les ducs de Lorraine successifs, cités plus haut, (de Simon II à Mathieu II) ont plus souvent soutenu et accompagné l'empereur que le contraire. Thiébaut I qui avait ravagé une partie de l'Alsace en représailles a même du suivre l'empereur partout comme prisonnier pendant une petite année en 1218. Cela dit, le duc Mathieu II sut se tenir à l'écart dans la lutte entre Frédéric II et le pape Innocent IV quand les événements tournèrent à l'avantage du Saint-Père. Le nouvel empereur Konrad IV n'a plus aucun pouvoir réel, la dynastie des Hohenstaufen décline rapidement jusqu'à ce que les princes électeurs choisissent comme empereur l'Espagnol Alphonse XI de Castille, neveu de Frédéric II. Le nouveau duc de Lorraine Ferry III doit se rendre à Tolède pour prêter hommage au nouveau souverain en 1258. Ses privilèges et son rang furent confirmés. Cette période qu'on appelle l'interrègne est synonyme de désordre et de déclin de l'empire. Les grandes principautés traditionnelles en profitent pour reprendre le dessus. Ensuite, on constate que le sort de l'empire staufien s'est exclusivement joué en Italie, pour ne pas dire en Sicile, à des milliers de kilomètres de la Lorraine ! L'alsace voisine fait figure de "zone tranquille" où les nouvelles cités fleurissent, les villages fortifiés et les châteaux forts se succèdent sur les contreforts des Vosges. La plaine rhénane constitue l'un des patrimoines familiaux des Hohenstaufen (cf. zones striées rouges sur la carte), la nouvelle cité de Haguenau passe pour être la résidence préférée de la famille à côté de la Souabe et de la Franconie. Comme on peut le voir sur la carte, les Hohenstaufen ont privilégié les régions de culture allemand ; l'image du château médiéval avec tout ce qui l'entoure est intimement associée aux Hohenstaufen ; pour les Lorrains, c'est l'Alsace d'outre Vosges qui la représente de plus près.

Les œuvres de la littérature courtoise française, représentées surtout par Chrétien de Troyes, inspirent les érudits au service des Hohenstaufen qui traduisent et adaptent l'épopée courtoise et le chant d'amour en moyen-haut-allemand : Gottfried von Strassburg, Reinmar von Hagenau en Rhénanie supérieure, Wolfram von Eschenbach et Walther von der Vogelweide en Franconie, Heinrich von Morungen en Thuringe.