A TOPONYMIE

 

I Introduction

 

Le département de la Moselle est traversée par la frontière linguistique entre la Romania et la Germania (ou Theutonia).  Elle fut donc influencée par de nombreuses vagues successives depuis la cité celtique des Médiomatriques jusqu'à la germanisation des deux dernières guerres mondiales.

La forte majorité des toponymes de Moselle francique est de forme et consonance germaniques. Il ne faut pas en déduire qu'ils sont tous imputables à des colons germaniques; un toponyme germanique peut désigner un lieu d'origine romaine ou gauloise, comme par exemple Sarrebourg.

 

Comme c'est le cas dans toutes les régions de sensibilté germanique, on rencontre souvent des suffixes ou appellatifs (très parlants) précédés du nom du seigneur ou propriétaire local.  Parfois, ce n'est pas le nom d'une personne influente, mais un aspect  topographique particulier.

La règle germanique de la composition des mots  de droite à gauche régit la formation des toponymes locaux. Ainsi, Bärenthal (Ours+vallée) sera " Val des Ours".  Même la Lorraine romane a largement adopté cette pratique toponymique au delà de la traduction.  En revanche, en traversant la France vers le sud, on sent qu'après la Champagne et la Franche-Comté, les pratiques toponymiques sont différentes.  On retrouve cette sensibilté toponymique à connotation germanique en Normandie et dans le Nord.

 

Nous ne rentrons pas dans les détails des toponymes particuliers, nous nous contenterons d'évoquer les appellatifs les plus usuels.

 

II  les appellatifs les plus usités en Moselle francique

a)     les appellatifs germaniques

 

~ach : forme germanique de "ey"  du latin aqua, présence d'eau.

~bach : ruisseau

~bronn , ~born , ~brunn : présence d'une source

~burg, ~bourg  : présence d'un château fort

~haus, ~hausen, ~house : rappelant ici le mot "maison",, au sens de hameau.

~heim, ~om,  : au sens de hameau. très fréquent en Alsace, assez rare en Moselle

~holz, ~holtz :  bois, région boisée

~ing, ~ingen, ~ange : propriété et clan de la personne indiquée devant l'appellatif

~münster : forme germanique de "moutier", monastère.

~prich, ~berg : endroit plus élevé que les environs immédiats, colline, montagne

~stadt, ~stett : de "stadt" la ville, l'agglomération, le lieu.

~stein : fait référence à un endroit rocailleux ou une carrière

~thal : situé dans une vallée

~troff , ~dorf : agglomération de plusieurs exploitations, village

 

NB : Parmi ces appellatifs, les plus caractéristiques de la Moselle francique sont, pour leur forme : -prich, -troff, -bronn, -om.

 

b)     Les appellatifs romans

 

~bo : prononciation romane vosgienne de "bourg"

~castel, ~kastel : (de castellum) castel romain

~court (du latin curtis) : présence d'une grande exploitation agricole

~ey , ~y  (du latin aqua) : présence d'un cours d'eau.

~maisons : forme correspondant à ~hausen, ~house, sens de "hameau"

~mont : fait référence à une hauteur, un sommet, une petite colline.

~ville : de "villa" à l'origine, mais aussi plus tard comme appellatif usuel.

~viller ~willer  (du latin villare) : annexe d'une villa, souvent isolée en forêt, à l'écart

 

 

III Les toponymes médiévaux d'origine religieuse ou féodale

 

Saint ~   : présence d'un lieu dédié à un saint

Dom~ : de domus , la maison du seigneur, église

Métairies : dépendances agricoles en milieu peu habité

~moutier : présence d'un monastère

~kirch : église

 

 

IV Deux toponymes gaulois romanisés

 

Donon :  du gaulois dunum, la montagne. Lieu de rencontre intertribal important.

 

Metz : du gaulois Divodurum Mediomatricorum (nom d'origine "Divodurum")

            qui devint Mediomatrici

            qui devint Mettis, puis Mets

            qui devint Metz (chef-lieu de la Moselle actuelle)

 

 

B Anthroponymie

 

I Introduction

 

Comme pour les noms de lieux, les noms de famille en Lorraine et en Alsace voisine témoignent d'un brassage culturel monumental, mais aussi de la confrontation séculaire entre le monde germanique et le monde roman.

Par le biais des mouvements de population définitifs ou saisonniers, par la vague de repeuplement du 17ème siècle, les noms de famille ont souvent pris des formes différentes, en fonction de la langue véhiculaire locale, en fonction du prêtre ou de l'officier chargé d'inscrire les gens dans les registres. Il n'est pas rare qu'on ait traduit un nom roman dans une version germanique et vice-versa (Demange – Sonntag par exemple). Par ailleurs, il ne faut pas oublier de citer la forte communauté juive d'Alsace-Lorraine qui a connu ses propres règles patronymiques pendant des siècles jusqu'au 19ème siècle où Napoléon les contraignit à adopter un nom de famille au sens de l'état civil républicain. Là aussi, les abus, les incohérences et le manque de connaissance des agents de l'Etat ont donné aux patronymes de la communauté juive locale un cachet très particulier.

 

Les noms de famille sont apparus grossièrement au Moyen-Age à partir du 12ème siècle environ. Pour la plupart, ils correspondent à des adjonctions au nom de baptême initial.

Il faut préciser qu'en Lorraine on désignait tout de même souvent les gens par le nom de la maison ou du lieu où ils habitaient. On va à la "Faigneulle" et non chez les "Vautrin". De même, comme dans d'autres régions, les sobriquets et les surnoms remplaçaient souvent le nom de famille; ils se transmettaient de génération en génération.

 

 

II Noms de métiers :  Nikolaus, der Schneider à  Nikolaus Schneider

exemples:

 

Becker, Beck : boulanger

Drucker : imprimeur

Fassbinder : tonnelier

Gärtner : jardinier

Holtzhauer : bucheron

Hufschmitt : maréchal-ferrand

Küfer : tonnelier

Maier : maire

Metzger : boucher

Sattler : sellier

Schindler : fabriquant de bardeaux

Schmitt, Schmidt, Schmied : forgeron

Schneider, Schnieder : tailleur

Wagner, Wanner: charron

 

III  Noms de baptême : saints, parenté immédiate, personnages bibliques

 

Ce sont des prénoms qui se sont transmis soit sous leur forme d'origine, soit quelque peui déformée.

 

Albert

Albrecht

Barthel (St Barthélémi)

Friedrich

Gerhard

Heinrich

Klaus (St Nicolas)

Paul

Philipps

Veith (St Guy)

Wenzel (St Venceslas)

 

IV Noms d'origine géographique

 

Tout le monde connaît cette habitude qui consiste à appeler quelqu'un qui n'est pas du coin : le Breton, l'Alsacien, le Parisien etc… A l'époque où la mobilté était très réduite on peut s'imaginer que le fait d'être d'ailleurs marquait les esprits.

Dans le même ordre d'idée, on distinguait très nettement les "Welsches" des "Allemands" et vice-versa.

 

Berlinger (de Berling)

Deutsch (d'Allemagne)

Elsasser (d'Alsace)

Imlinger ( de Imling)

Luthringer (de Lorraine)

Strassburger (de Strasbourg)

Welsch, Walsch : de culture romane

 

V Surnoms, sobriquets, traits physiques

 

Adler : aigle et ce qu'on veut lui associer

Dick : gros, gras

Dickfuss : gros pied (malformation ?)

Dickkopf : têtu

Faul : paresseux

Gross : grand

Kopp : mot à mot "tête", au sens possible de "la tête"

Riese : géant

Rot : cheveux roux

Schwarz : cheveux noirs, foncés

Stier : taureau et ce que l'on peut lui associer

Vogel : oiseau et ce que l'on peut lui associer

Weiss : cheveux blonds

 

VI Patronymes romanisés d'origine franque ou féodale

 

On les trouve dans toutes la Lorraine, surtout les zones romanes, par exemple :

Gérard

Godaud

Godefroi

Hatier

Hennard

Hotier

Humbert

Rainard

Vuitton

 






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