le patois de la Vôge |
Nous avons commencé par définir ce que sont les patois. Mais
la Vôge ? Ce nom n’évoque vraisemblablement pas grand-chose. Singulier des
Vosges ? Il faut bien dire que même les habitants de cette région n’utilisent
pas d’eux-mêmes ce nom car il ne renvoie plus aujourd’hui à des notions
précises. Avant d’aborder le lexique, il fallait donc repositionner ce travail dans son contexte géographique. En schématisant quelque peu, ce travail de recensement puis de compilation a donc été effectué dans une région historiquement appelée « la Vôge » (1). Ce nom de Vôge, que l’on retrouve sous une orthographe différente dans le nom des Vosges, a pour origine une forme latine Vosegus, attestée à l’époque gallo-romaine, qui désignait à cette époque un dieu d’origine celtique ou préceltique. Et si l’on s’en tient aux textes latins, il semble bien que ce n’est pas seulement le massif montagneux qui était placé sous le vocable Vosegus. En fait, avaient été consacrées au dieu Vosegus toutes les hauteurs du massif forestier primitif qui s’étendait jadis, ininterrompu, d’ouest en est, depuis le plateau de Langres jusqu’à la chaîne montagneuse des Vosges. Ces hauteurs couvertes de forêts jalonnaient une « ligne des eaux » qui devait servir de frontière pendant plusieurs millénaires. Ce n’est que progressivement que la Vôge émerge comme entité distincte des Vosges, avec le fractionnement du massif forestier primitif. La Vôge est aujourd’hui séparée, à l’ouest, du plateau de Langres, par le bassin des sources de la Meuse (Bassigny) et, à l’est, des hautes Vosges, par le bassin des sources de la Moselle. La Vôge (2) s’étend ainsi d’ouest en est sur une trentaine de kilomètres du Pays de Darney (bassin des sources de la Saône) aux environs de Bains les Bains et Xertigny (bassin des sources du Coney)(3). Pour aller plus loin, vous pouvez vous reporter en fin de document (Repères : la Vôge, une notion à géométrie variable). Pour faire référence à des limites administratives plus parlantes, il s’agit d’une zone située au Sud/Sud-ouest du département des Vosges, à l’extrême Sud-ouest de la Lorraine et aux confins de En schématisant quelque peu, ce travail de recensement puis de compilation a donc été effectué dans une région historiquement appelée « la Vôge » . Ce nom de Vôge, que l’on retrouve sous une orthographe différente dans le nom des Vosges, a pour origine une forme latine Vosegus, attestée à l’époque gallo-romaine, qui désignait à cette époque un dieu d’origine celtique ou préceltique. Et si l’on s’en tient aux textes latins, il semble bien que ce n’est pas seulement le massif montagneux qui était placé sous le vocable Vosegus. En fait, avaient été consacrées au dieu Vosegus toutes les hauteurs du massif forestier primitif qui s’étendait jadis, ininterrompu, d’ouest en est, depuis le plateau de Langres jusqu’à la chaîne montagneuse des Vosges. Ces hauteurs couvertes de forêts jalonnaient une « ligne des eaux » qui devait servir de frontière pendant plusieurs millénaires. Ce n’est que progressivement que la Vôge émerge comme entité distincte des Vosges, avec le fractionnement du massif forestier primitif. La Vôge est aujourd’hui séparée, à l’ouest, du plateau de Langres, par le bassin des sources de la Meuse (Bassigny) et, à l’est, des hautes Vosges, par le bassin des sources de la Moselle. La Vôge s’étend ainsi d’ouest en est sur une trentaine de kilomètres du Pays de Darney (bassin des sources de la Saône) aux environs de Bains les Bains et Xertigny (bassin des sources du Coney) . Pour aller plus loin, vous pouvez vous reporter en fin de document (Repères
: la Vôge, une notion à géométrie variable). Pour faire référence à des limites administratives plus parlantes, il
s’agit d’une zone située au Sud/Sud-ouest du département des Vosges, à
l’extrême Sud-ouest de la Lorraine et aux confins de la Franche-Comté
(le département de la Haute-Saône se trouve immédiatement au sud) et de
la Champagne (département de la Haute-Marne à l’ouest). |
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Le département des Vosges (88) comprend en fait 3 grandes zones : |
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La Vôge n’est de fait pas délimitée par des barrières géographiques qui
s’imposent à nous de manière évidente. La notion reste d’ailleurs, nous
l’avons déjà dit, très vague pour les vosgiens ou les habitants de cette
petite région.
C’est d’abord et surtout par un positionnement géographique très intéressant sur le plan historique que l’on peut la définir. En effet, et depuis toujours, en venant des espaces largement ouverts du nord (plaine Lorraine) ou du sud (sillon rhodanien), on finit par buter sur cette zone forestière au relief accidenté. La Vôge représente ainsi le seuil obligé entre le bassin de la mer du Nord et celui de la Méditerranée. Nous sommes d’ailleurs ici sur une ligne de partage des eaux : à quelques
mètres près, l’eau peut s’écouler |
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Lieu de passage donc, mais aussi obstacle naturel du fait de l'épaisseur
et l'étendue de ses forêts, cette région a depuis toujours servi de zone
tampon et de frontière : - d’abord entre les tribus gauloises : les Leuques et les Séquanes , - puis entre les provinces romaines de la Grande Belgique et de la Grande Séquanaise. - entre 2 comtés carolingiens (Saintois et Portois), - entre 2 états (Lorraine et Franche-Comté au XII°s.) - entre 2 diocèses (St Dié et Besançon au XVIII° s.) |
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On peut quand même faire ressortir les quelques caractéristiques géographiques qui en font la cohérence : • Constituée sur un socle de gré bigarré, la Vôge n’est pas à proprement
parler une zone de montagne mais une zone intermédiaire, située entre
la Plaine et les premières collines sous-vosgiennes. L’altitude reste
faible (entre 300 et 450 m), mais le relief est relativement accidenté. |
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Le parlers sur lesquels je vais me focaliser ici sont localisés sur une
région, la Vôge, qui a la particularité d’être aujourd’hui aux confins de
la Lorraine.
Pour être très précis, je me suis ici intéressé pour l’essentiel à une zone au Nord-Ouest de cette région, qui comprend la forêt de Darney et sa lisière nord, contrée lorraine de temps immémoriaux. J’ai ainsi compilé le lexique employé dans une aire d’environ 25 km x
25 km. • communes pour lesquelles il existait certains relevés (compilation
de documents écrits) |
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notes : | |
1 Nous le verrons plus loin, pour être parfaitement précis, le cœur de notre étude est en fait centré sur le Nord-ouest de la Vôge (en réalité entre la Vôge et la Plaine), dans un carré de 25 km de côté délimité par Vittel, Dompaire, Monthureux et Bains-les-Bains. Par commodité, et même si cela n’est pas complètement satisfaisant, nous parlerons néanmoins ici de « la Vôge ». Le soucis des géographes (comme Linné ou Buache) à diviser la surface de la Terre selon une rationalité qu’ils croient trouver dans l’organisation des bassins fluviaux, et dans les montagnes qui les séparent nécessairement, les entraînent parfois à voir des montagnes là où il n’en existe pas. Ainsi, les Monts Faucilles, en fait, quelques points de vue érigés par les géographes en chaîne montagneuse, ne sont qu’un exemple de la prééminence de la théorie sur la pratique… Le relief des côtes qui va de la Moselle à la Meuse possède dans son
sous-sol ce mélange d’argile et de calcaire qui a fait pousser sur les
éboulis des pentes d’abord la vigne puis les mirabelliers. Et ce n’est
que lorsque la constitution géologique s’arrête au grès de la Vôge ou
au granit de la Montagne vosgienne, que l’aire d’expansion de la zone
fruitière trouve alors ses limites. Conséquence logique : on peut dire
que dans les Vosges, la couverture mirabellière concerne en somme les
cantons de Charmes, Dompaire, Mirecourt et Châtenois, avec des incursions
importantes au sud vers les cantons de Bugnéville et Darney, et à l’ouest
vers Neufchâteau. A noter que cette forêt, avec celle de Tronçais, fournit l’une des meilleures
qualités de chêne de France (à la fin du XVII° s., les meilleurs chênes
étaient destinés à l’Arsenal de Toulon et à la Marine royale). C’est aussi
incontestablement l’une des plus belles chênaie hêtraie de l’Hexagone.
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