Les grandes familles de mots




« Les empreintes de l’imprimeur  »

La famille PRESSE


Patriarches indoeuropéens : *PR-EM- et *PR-ES-, « presser, serrer »

Les branches

1. Les principaux ancêtres de cette famille sont des mots latins comme le verbe pressare, « presser, serrer, presser le pis, traire », et pressio, « pesanteur, point d’appui d’un levier », eux-mêmes dérivés du verbe premere, « presser, serrer ». En sont issus tous les mots français qui contiennent le radical -press- (ou sa forme finale -près) :

près, presse, pressé, presser, pressing, pression, après, auprès, compresse, dépression, empressement, exprès, express, expressément, expression, expresso, impression, incompressible, oppression, répression, suppression, ...


2. Dans les dérivés latins de premere, comme comprimere, « serrer », ou deprimere, « presser de haut en bas, enfoncer », on voit que le radical -prem- se transforme en -prim-. Ces mots sont les ancêtres d’un certain nombre de mots français contenant eux aussi le radical -prim-, notamment les verbes correspondant aux noms vus ci-dessus :

comprimer, déprimer, exprimer, imprimer, réprimander, réprimer, supprimer, ...

Les invités masqués

1. empreinte, participe passé féminin substantivé du verbe empreindre, issu du latin imprimere, « appuyer sur, faire prendre une empreinte », dérivé de premere, « presser, serrer ». Empreindre est donc un doublet d’imprimer.


2. En se collant à que, il a perdu son accent grave : presque.

Curiosité

De presser à se presser : presser est issu du latin pressare, évité par la langue classique mais employé par Plaute et les poètes du siècle d’Auguste. Ce verbe est l’intensif de premere (formé sur son supin pressum) dont le sens de base, “exercer une pression, une force sur” s’est nuancé suivant le mot auquel le verbe est joint. Il signifie “serrer (un fruit) de manière à extraire un liquide”, “serrer de près (une personne)”, “enfoncer, planter, imprimer”, “simplifier, abattre, rabaisser”. En français, dès ses premiers emplois, presser est employé transitivement avec le sens moral de “tourmenter, accabler”. Puis vient le sens de “harceler, persécuter”, de “pousser qqn à faire qqch”, puis d’ “attaquer avec vigueur”, et, avec une notation temporelle secondaire, celui de “bousculer qqn” dont procèdent pressé et se presser. L’emploi intransitif de presser dans le sens d’ “être urgent” est attesté dès le milieu du XIVe s. dans la locution le temps presse.
Homonymes et faux frères

1. Il y a empreint et emprunt !
- empreint est le participe passé masculin du verbe empreindre, comme on l’a vu plus haut.
- emprunt est un descendant de l’adjectif latin mutuus, « qui se fait par voie d’échange » (> fr. mutuel), dont le neutre mutuum signifiait « argent emprunté à rendre sans intérêt », et le dérivé promutuus, « payé d’avance ». Le bas latin promutuari, « emprunter » se changea en *prumutare qui aboutit par composition au latin vulgaire *imprumutare, ancêtre direct du verbe emprunter.


2. Ne sont de la famille
- ni l’adjectif prime, qui vient du latin primus, « premier ». Il est peu usuel ; on ne le trouve plus guère que dans les locutions dans sa prime jeunesse et de prime abord. (Voir famille PREMIER.)
– ni le nom féminin prime, qui vient du latin praemium (< prae emere), « ce que l’on prend ou reçoit avant les autres, récompense, butin », via l’anglais premium prononcé /primiom/.


3. C’est aussi du latin primus, « premier », que sont issus primo, primaire, primeur, primitif, primordial, primevère, etc.
Dans d’autres langues indoeuropéennes

esp. comprimir, depresión, expresión, imprenta, oprimir, prensa, presión, prisa, suprimir

port. comprimir, deprimir, exprimir, imprimir, oprimir, prensar, pressa, pressão, suprimir

it. appresso, comprimere, pressa, pressare, pressione, presso

angl. express, impress, press, pressure, print

all. Presse, pressen

rus. депрессия, пресса, экспресс








Les grandes familles de mots

par Jean-Claude Rolland

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